Les respect des règlements et de l’éthique. Est-ce une pratique en voie d’extinction?

De plus en plus de gens deviennent adeptes de la randonnée et c’est une bonne chose. Un intérêt d’être dans la nature et de vouloir bouger est beaucoup mieux que de rester devant un écran toute la journée. Quoique cette tendance soit fort réjouissante. Il y a toujours un envers à la médaille.

Notre société nous bombarde de messages nous laissant croire à tort que nous avons des droits qui ne sont pas toujours les nôtres. Nous voyons donc apparaître une forme d’individualisme caractérisé par des comportements qui vont à l’encontre de l’éthique et du respect des règlements en place.

Que ce soit sur les sentiers ou sur les médias sociaux. N’importe quel randonneur respectueux des règles et de l’éthique en sentier peut fréquemment constater ce genre de comportement.

Les conséquences sont quant à elles bien réelles. En nature et sur les sentiers, chacune de nos actions ont un impact. Que ce soit sur la nature elle-même, l’interaction avec les autres randonneurs ou sur l’accès aux sentiers.

N’oubliez pas que vous êtes soumis de façon étique aux principes du Sans Traces. Si vous ne connaissez pas ces principes, alors vous avez déjà du rattrapage à faire. Je vous recommande de lire ceci avant votre prochaine sortie : www.sanstrace.ca

Il est aussi important de respecter l’éthique du randonneur :

Le code d’éthique de la randonnée

Voici quelques comportements et leurs implications :

Présence des chiens sur les sentiers :

La question des chiens sur les sentiers est délicate et suscite souvent des débats houleux sur les réseaux sociaux. Le véritable problème ne réside pas dans la simple présence des chiens sur les sentiers, mais plutôt dans le comportement des personnes responsables de ces animaux, qui parfois ne les tiennent pas en laisse. Bien que de nombreux propriétaires de chiens soient respectueux des règles éthiques en place, trop d’entre eux ne respectent pas les règlements. Ils refusent de se faire dicter où et quand leur animal doit être en laisse.

Il est primordial de reconnaître que nous vivons en société où des règles existent et doivent être respectées dans l’intérêt de la collectivité. Si l’on refuse de se conformer à ces règles, alors il est préférable de rester chez soi. De plus, il est essentiel de respecter les règles établies par les gestionnaires de sentiers qui représentent souvent des propriétaires privés. Conséquences : Ils peuvent parfois décider d’interdire la présence des chiens. Cette décision est souvent motivée par le non-respect répété des règles par certains propriétaires d’animaux.

En outre, il convient de mentionner qu’il existe une loi, la loi sur la protection et la mise en valeur de la faune, qui interdit la présence de chiens sur les territoires où se trouve du gros gibier. Conséquences : Cette infraction peut vous valoir de sévères répercussions, allant de la confiscation de l’animal à des amendes variant entre 250$ et 750$ pour une première infraction. De plus, la loi sur l’encadrement des chiens stipule que

 ‘’ Dans un endroit public, un chien doit en tout temps être sous le contrôle d’une personne capable de le maîtriser. Un chien doit être tenu en laisse, sauf dans une aire d’exercice canin ou lors de sa participation à une activité canine. La laisse doit être d’une longueur maximale de 1,85 m. Pour les chiens de 20 kg ou plus, la laisse doit être attachée à un harnais ou à un licou. Un chien ne peut pas se retrouver sur la propriété privée d’un tiers sans son autorisation. ‘’

Petite anecdote, je suis récemment allé en randonnée avec des gens qui avaient des chiens. Nous avons passés, de l’accueil jusqu’à l’entrée des sentiers, au minimum 3 affiches énormes impossibles à ne pas voir exigeant que les chiens soient en laisse. Ils sont passés devant les affiches comme si elles n’étaient pas là et les chiens sont demeurés en liberté. Un exemple qui est malheureusement trop fréquent.

Lorsque l’on demande de garder votre chien en laisse, il y a une raison. Plusieurs personnes n’aiment pas ou craignent les chiens. Donc, ils n’apprécient pas que votre animal s’approche d’eux. Il m’est arrivé à plusieurs reprises d’avoir un chien qui fonce sur moi dans un sentier et qui a même voulu me prendre mon lunch. En tant que propriétaire de chien vous ne pouvez garantir à personne que votre chien ne va pas les mordre. Conséquences : Les randonneurs pourraient perdre l’accès aux sentiers. On pourrait interdire complètement l’accès aux chiens. Votre animal pourrait mordre quelqu’un. Un randonneur se sentant menacé pourrait blesser votre animal. Légalement, à partir du moment où votre animal n’est pas en laisse, vous êtes entièrement responsable de ce qu’il fera.

Selon la responsable de ‘’On va se promener’’, un site web répertoriant les lieux (plus de 1500) Dogfriendly du Québec et des environs, il y a effectivement une problématique avec certains propriétaires qui ne respectent pas les lois, les règlements et l’éthique. Pour eux, il est important de suivre les règles dans le but de protéger votre animal des autres animaux, mais aussi les randonneurs. Ceux-ci peuvent craindre les chiens, y être allergique ou simplement ne pas vouloir se faire déranger en prenant leur collation. Pour plus d’informations sur ‘’On va se promener’’ https://www.onvasepromener.ca/  où vous pourrez trouver des centaines d’endroits pour pouvoir randonner avec votre animal.

Finalement, les randonneurs ne sont pas non plus intéressés à voir des pipis, des cacas et des sacs remplis de caca sur le bord des sentiers. Les règles s’appliquant aux humains à ce niveau s’appliquent aussi aux animaux. Les besoins ça se fait loin des sentiers. Conséquences : Peut mener à une perte d’accès aux sentiers ou l’interdiction complète des animaux. Cela rend le sentier moins beau et moins agréable pour les randonneurs.

Les humains et leurs besoins : Tout comme avec les animaux, les randonneurs ne sont pas non plus intéressés à voir des pipis, des cacas et du papier de toilette partout sur les sentiers. Si vous êtes capables de faire une rando de quelques kilomètres, vous êtes en mesure de sortir du sentier pour aller faire vos besoins et d’enterrer le tout selon les règles. Conséquences : Cela peut mener à une perte d’accès aux sentiers et cela rend le sentier moins beau et moins agréable pour les randonneurs particulièrement en hiver.

Les déchets : En ce qui concerne les déchets, il est impératif de rappeler une règle simple : tout ce que vous emportez avec vous doit être ramené, point final ! Peu importe que vous soyez un randonneur, un coureur ou un simple promeneur, si vous avez l’énergie pour transporter des contenants pleins, vous avez également l’énergie pour les rapporter vides. Conséquences : Elles sont évidentes, la pollution de nos forêts et la détérioration de l’environnement. Il est inutile d’insister sur l’importance de préserver nos espaces naturels. De plus, il est crucial de comprendre que les toilettes naturelles ne sont pas des poubelles. En y jetant des déchets, elles perdent leur fonction première et nécessitent une intervention pour être nettoyées. Il est essentiel de se mettre à la place de ceux qui doivent effectuer ce travail souvent ingrat.

Non-respect des fermetures de sentiers : Il y a toujours une raison pour laquelle un sentier est fermé. Il faut faire confiance au gestionnaire du sentier et respecter la fermeture. Conséquences : Cela peut engendrer une dégradation du sentier, des blessures, etc. Un sentier peut aussi avoir été définitivement fermé car un droit d’accès a été retiré. Ce qui veut dire que vous pénétriez sur une propriété privée sans permission. Le propriétaire aurait donc des recours légaux contre vous.

Non-paiement des droits d’accès : L’entretient d’un réseau de sentier est couteux et exécuté par une armée de bénévoles qui travaillent très fort pour vous offrir une expérience agréable et sécuritaire. Vous avez tous déjà sûrement vue des ponts et des escaliers en piteuse état ou de gros arbres en travers des sentiers. Trop souvent, cela est le signe d’un manque de budget pour l’entretient. Malgré un certain nombre de subventions, cela n’est pas assez. Le reste du budget provient des revenus engendrés par le paiement des droits d’accès. Conséquences : Sans une source de revenus adéquate, les gestionnaires ne sont pas en mesure d’améliorer, de maintenir et de garder les sentiers sécuritaires. Ce qui éventuellement en vient à une fermeture des sentiers.

La pollution sonore : Vous êtes dans votre droit d’écouter de la musique en randonnée, mais les autres randonneurs sont aussi dans leur droit d’avoir la paix et le calme. Tout est dans le respect. Je ne suis pas un amateur de l’utilisation des écouteurs car cela comporte des risques car vous n’entendez pas ce qui se passe autour de vous. Il y a moyen d’écouter de la musique à un volume qui vous permet d’être seul à l’entendre. Se promener avec un hautparleur sans fil sur son sac à dos n’est pas acceptable. Conséquences : Vous dérangez la faune locale et vous risquez de taper sur les nerfs des autres randonneurs. Vous pourriez aussi vous retrouver dans une altercation inutile avec d’autres randonneurs.

Les drones : Ces équipements deviennent de plus en plus populaires, mais ils deviennent aussi de plus en plus dérangeants. Il faut savoir qu’ils sont interdits d’utilisation dans les parcs provinciaux et fédéraux ainsi que sur plusieurs autres montagnes. Certains endroits exigent même des permis. Il faut donc bien se renseigner avant de l’utiliser. Conséquences :  Malgré les avantages visuels qu’ils offrent, les drones sont une pollution sonore, dérange la faune, peuvent potentiellement blesser des randonneurs et plusieurs personnes ne sont pas intéressés à être filmés. Vous pourriez aussi faire face à des amandes.

Le respect des zones de marche : Si vous décidez de randonner, vous décidez aussi de vivre avec l’eau et la boue. Il est de votre responsabilité d’avoir les chaussures appropriées qui vous permettront de rester sur le sentier. Conséquences : Chaque fois qu’une personne passe à l’extérieur de la zone de marche, vous détruisez la flore et créez un élargissement du sentier. Au bout de quelques années, le sentier aura pris trop d’ampleur et le gestionnaire devra modifier à fort coûts le tracé pour laisser la nature se régénérer.

Camper à l’extérieur des zones permises : Il faut encore une fois faire confiance aux gestionnaires de sentiers qui travaillent très forts pour vous offrir des endroits intéressant pour camper tout en préservant les zones fragiles de nos montagnes. Il faut toujours camper dans les endroits dédiés et sur un sol approprié. Référez-vous aux principes du sans traces. Lorsque vous regarder des films de randonnée sur YouTube, soyez toujours prudents, car plusieurs personnes vous présentent des endroits où il est strictement défendu de dormir. J’ai pu le constater dernièrement lorsque j’ai fait la traversée de Madère. Conséquences : La plus importante est la destruction de la végétation qui est souvent très sensible, surtout en zone alpine. Évidemment, il peut en résulter une perte de droit de camping et vous aurez contribué à pénaliser tout le monde.

-Nourrir les oiseaux et les animaux : Je l’avoue, je l’ai fait et je suis donc partie du problème. Même si cela est super et génial de voir un bel oiseau venir se poser dans notre main, cela ne rend pas le geste moins dommageable. Conséquences : Cela introduit une source d’alimentation qui ne fait pas partie de l’alimentation normale et certains aliments peuvent rendre malade certaines espèces.  Si la source d’alimentation devient régulière, alors l’animal va s’y fier et lorsque celle-ci cessera il pourrait ne plus être en mesure de s’alimenter.

Les coureurs : Les coureurs ont autant leur place sur les sentiers que les randonneurs, cependant, vous n’avez aucune forme de priorité. Vous vous devez des respecter le code d’éthique comme tout le monde. Ceux qui montent auront toujours priorités et n’ont pas à vous céder le passage. Ce sont eux qui ont la priorité, c’est à vous de leur céder le passage. Conséquences : Si vous tentez de passer à côté de randonneurs en courant sans céder le passage, il y a risque de blessures. Vous pourriez aussi vous retrouver dans une altercation avec un ou des randonneurs. L’accès aux coureurs pourraient être retiré.

Partir sans les équipements requis et les vêtements appropriés : Une des problématiques les plus importantes et la plus répandue malheureusement. Je n’ai pour ainsi dire jamais fait une randonnée où je n’ai pas croisé un randonneur qui n’avait pas soit les équipements ou les vêtements appropriés. Cela passe par les chaussures, l’eau, les vêtements, le manque évident d’équipements d’urgence et j’en passe. Conséquences : La plus grave est évidemment de vous retrouver dans une situation fâcheuse, grave ou même mortelle comme cela arrive chaque année. Cela implique trop souvent qu’un autre randonneur, qui lui a les équipements requis, devra vous venir en aide et ainsi devoir annuler sa propre randonnée et peut être même se mettre en situation précaire pour vous venir en aide. En cas de situation plus grave des secouristes, souvent bénévoles, devront risquer leur propre vie pour vous venir en aide.

Je fais une parenthèse sur ce sujet. Il y a maintenant certains états américains qui ont passés des lois, par suite trop nombreux sauvetages dû à de la négligence, qui leur permet maintenant de facturer les randonneurs pour leur sauvetage lorsqu’il y a eu négligence. Il doit y avoir une responsabilisation de la part des randonneurs négligents. Il y a beaucoup trop de cas de négligence flagrante.

L’éthique du randonneur ne s’applique pas uniquement que sur les sentiers. Il y a maintenant beaucoup de groupes et de pages sur les différents médias sociaux qui traitent de la randonnée. Derrière ceux-ci, il y a des bénévoles qui travaillent fort pour la communauté des randonneurs. Ils ont autre chose à faire que de devoir traiter avec des gens qui n’ont rien de mieux à faire que de passer leurs frustrations en ligne tout en manquant de respect envers les autres. L’éthique et le code de conduite d’un bon randonneur ne s’arrête pas lorsqu’il quitte les sentiers.

J’ai eu la chance de discuter avec différents intervenant du milieu et voici ce qu’ils avaient à dire sur le sujet :

Un patrouilleur de sentier, pour un réseau important, qui tenait à rester anonyme nous a mentionné les points suivants : Chez nous ce sont des réserves naturelles et il est interdit de promener des chiens, il y a une loi municipale qui l’interdit. Mais comme partout, il y a des récalcitrants qui ont toujours une bonne raison. Malheureusement même si c’est une loi, il n’y a personne pour la faire respecter. Au printemps passé nous avons rencontré la police municipale qui est la SQ et exceptionnellement il avait reçu le mandat avec budget pour faire respecter l’ordre dans les parcs.  Nous avons une cinquantaine de patrouilleurs qui font les sentiers régulièrement. A force d’intervenir à plusieurs reprises, il y a de moins en moins de contrevenants. Même les randonneurs interviennent auprès des contrevenants. Il m’est arrivé de raccompagner les contrevenants au stationnement. Dans les périodes de grand achalandage, il y a des patrouilleurs dans les stationnements afin d’intervenir avant le sentier. Donc, pas de recette miracle sauf par la persuasion.

Voici l’opinion de Daniel Delorme, un guide en sentiers de grande expérience : Il arrive bien souvent que des gestionnaires de sentiers soient confrontés à des problématiques reliées au non-respect des règlements par les usagers. Ce sont des irritants qui peuvent apporter leur lot de désagréments allant jusqu’à la perte de droit de passage durement acquis et préservé au fil des années par les gestionnaires avec les propriétaires privés. En effet, et à titre d’exemples, des usagers allumant des feux près du sentier alors que c’est interdit, des déchets laissés un peu partout sur le sentier, des usagers qui amènent leur chien alors que c’est interdit par le propriétaire, etc. Combien de fois j’ai défait des ronds de feux, ramassés des déchets, averti des usagers au sujet de l’interdiction des chiens en me faisant parfois insulter. Ces usagers délinquants ne s’aperçoivent pas des désagréments que cela peut causer au gestionnaire de sentiers et aux bénévoles qui s’impliquent avec cœur à préserver la propreté du sentier. Cela peut être une source de démotivation pour les bénévoles (patrouilleurs, responsable de l’entretien des sentiers, accompagnateurs de groupe de randonneurs). Également, le gestionnaire fait face au mécontentement du propriétaire devant l’ampleur de ces actes qui vont à l’encontre de l’éthique du randonneur. En tant qu’ancien bénévole qui s’occupait des droits de passage j’ai dû bien souvent éteindre des feux et convaincre le propriétaire que nous allions prendre les mesures nécessaires pour régler le problème (davantage de surveillance de la part des patrouilleurs et bénévoles, augmentation des panneaux d’interdiction, messages sur notre site internet, etc.). Un travail sans fin.

La sureté du Québec nous informe que le non-respect des règlements sur les sentiers est une infraction selon le code civil et que les gestionnaires peuvent expulser quiconque ne respecte pas les règlements. Si l’individu refuse de quitter les lieux, la Sureté du Québec ou le cas échéant, la police municipale, peuvent être appelé pour expulser le ou les contrevenants.

Finalement, il faut prendre conscience que chaque fois que nous prenons une décision qui enfreint les règles, il y aura une conséquence. Qu’elle soit immédiate, retardé ou cumulative.

Ce qu’il faut retenir, c’est que vos droits s’arrêtent où ceux des autres débutent et que nous vivons en société. Ce qui veut dire que vos droits ne sont pas absolus et que vous devez respecter les règles et les normes éthiques mise en place. Le tout dans le but de protéger notre nature, nos accès aux sentiers et de vivre de façon harmonieuse avec les autres randonneurs.

En refusant de vous plier aux règles, vous ne faite que pénaliser tous les autres randonneurs qui doivent vivre avec les conséquences que vos actions auront.

Eric La Violette, créateur de contenu pour Passionnés de Rando