Le Québec: Le Far West des treks organisés.

Ces dernières années, notamment depuis la période COVID, le nombre de randonneurs prenant part à des treks organisés a connu une forte augmentation. En parallèle, l’offre a elle aussi considérablement progressé, tant par le biais des agences que des organisateurs privés.

En soit cela est une bonne nouvelle. Notre sport prend de l’ampleur, les gens sont plus en forme, on découvre de nouveaux endroits et de nouveaux pays, et plus encore. Cependant, la réalité n’est pas nécessairement aussi flamboyante.

Contrairement à ce que certains acteurs du secteur pourraient tenter de nous faire croire il n’existe aucune réglementation légale encadrant les activités de guide ou d’accompagnateur en trek ou en alpinisme au Québec. Il existe des formations (comme celles offertes par Rando Québec, l’ACMG, le Secourisme en région isolée, le Suivi médical de haute montagne, ou encore pour devenir conseiller en voyage, etc.), mais aucune d’entre elles n’est obligatoire pour pouvoir accompagner ou guider des personnes sur les sentiers ou en montagne.

Cela dit, les lois elles, existent. Au Québec, personne ne peut se dégager de ses responsabilités légales peut importe les documents que l’on vous fera signés tel que les fameux formulaires de dégagement de responsabilités qui n’ont aucune valeur légale. On ne peut pas non plus vendre de voyage à moins d’être une agence de voyage accréditée ou de travailler pour l’une d’elle et d’avoir la formation de conseiller en voyage. Que les lois existent, et les respecter, c’est une autre histoire.

Il existe donc une vaste zone grise, qui constitue le cœur du problème. De nombreuses personnes, qu’elles soient guides ou accompagnateurs indépendants ou travaillant pour une agence, ignorent souvent les lois et les responsabilités qui leur incombent. Beaucoup n’ont pas, en tout ou en partie, les qualifications nécessaires pour exercer ce métier. Avoir de l’expérience en trek ou en alpinisme est un atout important, mais cela ne fait pas nécessairement de vous un bon guide/accompagnateur. Participer à un trek et guider des gens sur un trek sont deux choses bien différentes. Être un randonneur expérimenté ne garantit pas que l’on soit un bon guide ou accompagnateur.

Nous voyons donc beaucoup de gens s’improviser dans ce travail et cela peut devenir très dangereux pour les participants, particulièrement lorsque l’on parle de trek en haute altitude (plus de 2500m). Lorsque tout se passe bien, il est souvent difficile de juger de la compétence de la personne ou de l’agence avec laquelle on travaille. Cependant, lorsque les choses prennent une mauvaise tournure, il est trop tard pour se rendre compte que l’accompagnateur ou l’agence était incompétent(e) ou mal préparé(e).

En tant que client, il est très important de faire vos devoirs. C’est votre responsabilité de vous assurez de travailler avec des gens compétents qui vous donneront toutes les informations incluant les risques auxquels vous pourriez faire face. Voici un extrait provenant de la section légale de la formation de conseiller en voyage : Les services touristiques à rendre ne doivent pas exposer votre client à un danger pour sa santé, sa sécurité ou sa vie. Avant de consentir à l’achat d’un voyage, votre client doit être alerté des situations pouvant compromettre sa sécurité. À titre de commerçant, vous devez préciser toutes les conditions connues qui sont susceptibles de l’exposer à un problème de santé, de sécurité ou encore de mettre en péril sa vie d’une quelconque façon. Malheureusement, plusieurs faits sont souvent volontairement omis dans le but de vendre. Tel que les risques de santé résultant du non respect des protocoles d’ascension en haute montagne.

Un bon exemple sont les treks sur le Kilimandjaro qui ne respectent aucunement les protocoles d’ascension reconnus et qui rendent inutilement malade des centaines de clients chaque année en plus de potentiellement mettre leur vie en danger. Certaines agences vont même à refuser de donner certaines formations à leur guides/accompagnateurs car cela les obligerait à devoir modifier leurs politiques et faire des changements majeurs qui leur occasionneraient des pertes de revenus. Les poursuites légales sont à toute fins inexistantes car les clients ne sont pas conscients que ce qui leur arrive n’est pas normal.

N’oubliez jamais que ce n’est pas parce qu’une grande partie de l’industrie se comporte d’une certaine façon qu’il s’agit de la bonne.

Le piège qu’il faut éviter est de croire que parce qu’une agence ou un guide est connu, cela implique qu’ils sont professionnels et compétents. La clé est de poser des questions et d’obtenir des réponses rapides et qui font du sens. S’ils n’ont pas de réponses, qu’ils sont évasifs, se sentent attaqués, qu’ils tournent en rond ou tente de minimiser l’importance de vos questions. Cela devrait immédiatement vous rendre très prudent et même de passer au prochain appel.

Voici une liste de questions très importantes pour lesquelles ils devraient être en mesure de vous répondre sur le champ et sans hésitation :

Est-ce que vous avez un numéro de permis de l’OPC? Demander leur de vous le donner.

Quelles sont les certifications de vos guides/accompagnateurs?

Est-ce que vos guides/accompagnateurs sont formés en secourisme en région isolées?

Est-ce que vous avez un plan d’urgence? Si oui, demander à le voir.

Est-ce que vous demander un bilan de santé? Cela doit toujours être demandé.

Que se passe-t-il si un participant doit mettre fin à son trek? Il arrive quoi au reste du groupe?

Combien de guides/accompagnateurs il y aura avec le groupe?

Est-ce que le guide/accompagnateur possède un tel. satellite?

Il y encore beaucoup d’autres questions qui peuvent être posées, mais avec celles-ci vous verrez rapidement à qui vous avez affaire.

Il est aussi important d’effectuer vos recherches sur l’agence ou le guide. Vérifier les références et les commentaires, et pas seulement ceux qui parlent en bien. C’est lorsque les choses tournent mal que l’on voit la qualité d’une agence ou d’un guide/accompagnateur.

En conclusion, il est important de prendre son temps pour bien choisir les gens en qui on placera notre confiance pour assurer notre sécurité.

En montagne, si on a pas de plaisir il y a un problème!

Un texte de: Eric La Violette, créateur de contenu pour Passionnés de Rando.